Niveau de vie ou qualité de vie

Que retiendra la Haute-Marne de cette 23e semaine ? Sans doute la mort de Paul Flamérion.

Feuilletant le JHM de cette semaine en quête d’inspiration (la Haute-Marne inspire, nous dit-on), le plumitif laborieux astreint à chronique reste circonspect devant les changements subis et acceptés par nous ces derniers mois. On a accepté de ne plus se toucher. On a accepté de ne plus se promener dans la nature. Et les masques ! Dans le JHM de dimanche, on pouvait compter (plutôt qu’identifier) 73 personnes masquées en photo !

Dire que l’on explique depuis toujours aux rédacteurs et correspondants qu’il est vain de publier la photo d’une personne masquée dans nos colonnes. Et là, 73 en un seul journal… On ne va pas rouvrir le débat mais plutôt relever le symbole. En voulant sans cesse élever davantage notre niveau de vie, notre quête de sécurité, nous avons administré une claque cinglante à notre qualité de vie.

Le JHM d’hier matin évoquait la fermeture du secteur covid de l’hôpital de Chaumont. Le symbole est fort ! Dans la foulée, j’allais rendre des livres empruntés à la médiathèque. C’est tout un cérémonial. Il faut être ponctuel à l’heure fixée pour le rendez-vous. Je pose mes livres sur le meuble indiqué ; Là, une dame en blouse blanche dûment masquée apparaît. On m’explique qu’elle va « désinfecter » mes bouquins. J’entends bien l’esprit de la démarche : il s’agit de rassurer. Mais bon, DÉSINFECTER des LIVRES ! Le virus doit bien se marrer. Pour autant, avons-nous gagné en qualité de vie ?

On savait le niveau de vie grand consommateur d’énergie. Voilà qu’il bouffe aussi notre liberté, le système nerveux des abeilles, les jours de repos des soignants… ; qu’il obère l’avenir de la planète aussi sans doute. On en vient à se demander si la qualité de vie ne serait pas une quête plus pertinente.

On pourrait échanger sur la question n’importe où dans le monde : en Chine, aux États-Unis, au Brésil. Et ici, en Haute-Marne. Car nous, ici, vivons dans une ruralité qui présente bien des inconvénients : les services, les transports, la santé, l’éducation, le vote extrémiste. Mais peut-être notre écrin vert recèle-t-il aussi des atouts plus discrets qui vont prendre de la valeur. Prochaine étape : ne plus désinfecter les livres et les partager sans arrière-pensée.

JHM du 7 juin 2020

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