Monsieur Simon

Que retiendra la Haute-Marne de cette 30e semaine de l’année ? Sans doute la canicule. Protégés par nos climatiseurs, notre eau courante et potable, l’électricité qui irrigue nos réfrigérateurs, on prend la mesure de l’infortune de ceux qui sont dépourvus de ce confort. Pas seulement dans les régions subsahariennes.

Vaut-il mieux du nucléaire qui produit des déchets pour rafraîchir nos ehpad ou de l’électricité propre et qui baissera vite les bras face aux exigences de nos vieux et de nos fonderies ?

Les travaux redémarrent, la commande publique retrouve des couleurs. Tiens, les municipales se profileraient-elles à l’horizon de nos goudronneuses ? À Chaumont, ces élections seront les plus tristes depuis des lustres. Sans Thierry Simon, ses bons mots assassins, ses fulgurances, ses projets déconcertants et géniaux, les journalistes se rendront moins gourmands aux débats.

Pour les Bragards et les Langrois qui ne connaissent pas le personnage, qu’il me soit permis d’esquisser amicalement son portrait ici. On lui donnait du “Monsieur” sans l’ombre d’une hésitation. Une longue silhouette raide, à la Don Quichotte, toujours droite. Une posture. La connerie contemporaine lui tenait lieu de moulins. Un regard à dessein ombrageux, sous des sourcils belliqueux. Ce type brillant détestait les lâches et les médiocres. Il adorait la Haute-Marne qui lui a mal rendu. Nous nous connaissions depuis longtemps déjà lorsque nous nous sommes vraiment rencontrés, autour d’un livre : l’Écriture ou la Vie, de Jorge Semprún. Je vous parle d’un temps où les gens normaux évoquaient leurs lectures autour d’un café. Un temps d’avant Netflix ou Facebook. Tout est à garder dans le roman magnifique de Semprún, que Thierry Simon devait citer quelques mois plus tard lors d’une cérémonie à la mémoire des déportés. Tout n’est pas à jeter sur Facebook ou YouTube. Il faut chiner. Tapez “Manon Darras cancer” dans le moteur de recherche de YouTube. Vous verrez ce que des Haut-Marnaises peuvent réaliser avec leurs tripes quand celles-ci les trahissent.

JHM du 28 juillet 2019

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