Lulu : une volée de bois vert

Que retiendra la Haute-Marne de cette 25e semaine de l’année ? Les très prochains bacheliers se souviendront du stress des premières épreuves. En philo, certains ont choisi de plancher sur « est-il possible d’échapper au temps ?». Ma pilosité capillaire – du moins ce qu’il en reste – affirme que non. Mais est-ce si sûr ?

Prenez le Vert-Bois, où ont grandi de futurs plumitifs promis au labeur à l’ombre d’immeubles qui ne portaient alors que des numéros. On lit cette semaine (JHM du 19 juin, p. 8) que des pans entiers de ce quartier emblématique vont être rendus à la nature. Il va redevenir un… bois vert. Échappe-t-il pour autant au temps ?

Parfois, l’histoire bégaie. À la place des Bragards, je me méfierais des chauves-souris du marché couvert. Dans un registre similaire, les Chaumontais n’ont pas oublié qu’une banale alouette de genre “Lulu”, dûment plumée et astreinte à rétrécir l’horizon d’une cité, alliée à un lobbying influent, a pu faire trébucher tout un projet de zone commerciale. La Lulu fut longtemps la guest star de cet articulet insignifiant. À défaut d’échapper au temps, elle a échappé au promoteur.

Ce qui suit ne s’estompe pas au diable vauvert dans l’espace et le temps, mais s’inscrit dans notre réel d’ici et maintenant ; je vous conseille vivement la lecture d’un excellent compte-rendu d’audience (JHM du 18 juin p. 2). Dans un papier fort bien tourné, l’auteur évoque les tourments d’un Chaumontais ; il finit par dérober des hosties dans une église de la paroisse de Joinville afin de satisfaire aux exigences de son estomac. Le jeune homme a été condamné pour l’ensemble de son œuvre, certes. Mais on retiendra que mû par la faim, il a dû forcer un tabernacle. En 2019 après Jesus-Christ ! un siècle et demi après que Victor Hugo a écrit les Misérables ! La misère a-t-elle échappé au temps ? Rien n’est moins sûr.

JHM du 23 juin 2019

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