Le feu sacré

Que retiendra la Haute-Marne de cette 16e semaine de l’année ? Assurément ce qui ne s’est pas passé ici mais à Notre-Dame de Paris. On a pu lire ailleurs moult commentaires rassurants ou haïssables sur la nature humaine. Tel n’est pas le propos plus modeste de cet articulet. Il se trouve que le plumitif laborieux qui sévit ici, dans le cadre de ses fonctions, a assisté au massage cardiaque que les secours ont longuement pratiqué sur la jeune mère de famille, victime, quelques jours plus tôt de l’incendie de Chaumont. Le feu, déjà.

Je songeais à elle, à son modeste et anonyme destin tout juste brisé, lorsque les flammes dévoraient Notre Dame. Maudites flammes qui privaient à jamais quatre enfants de leur maman et la France du plus emblématique de ses monuments historiques.

Le hasard et la curiosite ont voulu qu’hier, je poursuive un reportage sur un jeune coutelier haut-marnais assez exceptionnel : il forge lui même le métal de ses lames en Damas. La n’est pas le sujet, sauf que… Encore impressionné par les deux incendies évoqués ci-dessus, je l’observais, au fond de son atelier, extraire… des flammes le bout de métal rougeoyant : il allait tirer, de ce feu-là, un objet rare, magnifique, unique. Ce garçon sublime les épousailles de l’Homme… et du feu. Ce feu qui réchauffe aussi ceux qui ont froid. Cet état incroyable de la matière qui nous offre le meilleur et le pire, la vie et la mort, la création et le néant.

Ce feu, ambivalent, est à l’image de tout ce qui nous entoure, de ce que nous sommes en tant que peuple et en tant qu’individu, ce qu’est notre territoire aussi : tous capables du meilleur et du pire.

JHM du 21 avril 2019

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