Insupportables

Que retiendra la Haute-Marne de cette 29e semaine de l’année ? Sans doute la Coupe du Monde. La victoire a donné une belle image de la France. On s’en réjouit. Que la liesse soit révélatrice de l’état d’esprit du pays, hum hum… Si on parle des joueurs, soit. Si on évoque les supporters, je tousse. À Saint-Dizier et à Chaumont, où nous étions, la viande saoule polluait le centre-ville. Pourquoi célébrer une belle réussite collective par des dégradations, des vomissures, des bagarres. Qu’est-ce que ces comportements révèlent réellement sur l’état de notre époque, de notre peuple, de nos valeurs ? Qu’est-ce que ce boire et détruire porté en art de vivre nous dit de nous ?Il rejouera un jour au foot, le type dont la cheville est passée sous la roue d’une voiture près du Parisien à Chaumont ?

La Préfecture ou la Ville ne sont pas responsables des bagarres entre supporters (de la même équipe !). Les cafetiers ou les loueurs d’écrans géants n’ont pas dégradé les véhicules, ni terrorisé les enfants à l’intérieur. C’est l’insondable, la pitoyable imbécillité humaine qui ne peut s’empêcher d’altérer sa perception du réel et l’efficience de ses synapses dès qu’un événement dépasse l’entendement commun. De toute évidence, l’entendement commun, il n’en faut pas beaucoup pour l’emporter, quand il a quelques grammes dans chaque bras. Dieu merci, la viande saoule n’a pas fait de viande froide.

Du ballon au vélo, j’entendais sur une grande antenne une journaliste qui suivait le peloton s’émerveiller en ces termes : « c’est magnifique, c’est magique, tous ces champs de blé ou de maïs le long des routes ». On sent la fille qui n’a pas dû venir souvent en Haute-Marne.

J’étais d’humeur chafouine, cette semaine ; j’ai plié mon maillot tricolore. Je le ressortirai dans deux ans. Puis suis allé pédaler entre les champs de blé. J’y ai croisé des renardeaux, des chevreuils. Sans supporters à supporter.

JHM du 22 juillet 2018

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée.